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18h05. Les garçons sautent sur leur papa et disent d’une voix unanime qu’ils ont passé une bonne journée. C’est déjà ça. Je n’ai qu’une envie : m’enfermer dans ma chambre et respirer un peu. Je dis bonjour et j’annonce direct la couleur. Mon cher et tendre me répond “oui oui” avant de s’enfermer dans les toilettes pour 20 minutes avec son téléphone. Les garçons courent partout dans la maison et me réclament un dessin animé. Je réponds qu’il en est hors de question. Ils pleurent en me disant que j’avais promis. Jamais dit ça. F. me soutient que si, que c’était quand ils étaient petits et que même un jour ils ont regardé un grand dessin animé, et que ça fait longtemps qu’ils n’ont pas vu Trotro et qu’en plus ils aiment la Pat’patrouille. Comme souvent je suis épatée par sa répartie et sa capacité à répondre des trucs qui n’ont rien à voir. Ah, et à mentir à propos des dessins animés soit-disant promis aussi, mais passons.
18h09. J’improvise une distraction en disant qu’on peut justement jouer avec les Pat’patrouille, vous savez toutes vos figurines et vos véhicules que vous adorez et que vous passez votre temps à chercher ? G. prend Ruben, F. et B. se disputent Stella. Ok, ça sera moi Stella, trève de plaisanterie. Ils en prennent d’autres. B. me demande “Tu veux un biscouit ?”. “Merci mon coeur, on dirait drôlement un chien de la Pat’Patrouille non ?” B. “Non c’est un biscouit. Il s’appelle Marcus”. Ok, va pour un bout de Marcus alors. Il me colle violemment dans les dents, pendant que G. improvise un concert au triangle tout en chantant (hurlant) “je n’suis pas un héros” et que F. retourne la boîte de dinosaures par terre en hurlant “aaaaaaaaaarwwwwwwwwwwr”. Je lui dis que ça va, ça suffit le boucan, il me hurle “cacaaaaaaaaaaaa”.
18h26. Je tambourine à la porte des toilettes en hurlant que ça va là, faut pas pousser. La porte s’ouvre, j’ai le droit un “ôôô, ça va”. Et l’homme se dirige tranquillement. vers. sa. douche. Je fulmine et j’ai envie de lui enfiler un “biscouit Pat’Patrouille” dans les trous de nez. Je file me faire un café car je sens que je perds patience, et je lui crie que je monte et qu’il gère les enfants.
18h30. Je ferme la porte et je souffle. Je me mets devant mon ordinateur et réfléchis un peu à ce que je pourrais écrire sur le blog. J’en profite pour me connecter à Instagram, partager mes derniers articles et une fois de plus me demander comment font les gens pour faire AUTANT DE CHOSES AVEC LES ENFANTS. Là, la porte s’ouvre, F. arrive et me grimpe sur les genoux. Il prends mon mug vide, et me demande “Mais maman, t’as bu du thé, mais t’aime pas ?”. Si si j’adore le thé mais c’est vrai que je bois beaucoup de café en ce moment. Tu veux qu’on en parle ? S’ensuit un long monologue de l’enfant sur le thé, le café, que c’est chaud, et que les mamies font goûter ou pas. Tout en grimpant derrière mon dos sur mon fauteuil de bureau et en s’agrippant à mon cou avec ses ongles trop longs.
18h36. L’homme rentre dans la chambre pour s’habiller et me demande ce que mangent les garçons ce soir. Je lui jette un regard noir et lui demande de récupérer son rejeton. Dès qu’ils sont sortis, je me jette dans mon lit et attrape mon polar. En bas j’entends que ça chahute et que leur père n’est pas du tout patient. Je m’en fous.
19h12. Je descends, mes garçons finissent de manger en mode surexcitation. Je calme un peu le jeu, même si une partie de moi n’est pas mécontente qu’ils montrent aussi à leur papa ce que ça fait d’être seule avec eux du coup. Et puis même si ils sont surexcités, ils sont marrants quand même à se faire des grimaces tout en mangeant leurs P’tit Louis (les fameux).
19h28. Le dîner est fini, les dents sont lavées et… c’est l’heure de… ranger… Le grand s’exécute, tout en nous disant objet par objet “regarde, je range bien ça”. Les petits rechignent, F. finit par s’y coller, B. refuse catégoriquement. “Tu n’auras pas d’histoires ce soir si tu continues”. Moue boudeuse, bras croisés, regard noir. Le gamin sait parfaitement que de toute façon, pour ne pas léser les autres, il l’aura son histoire. Soupir de désarroi des parents. F. essaye d’esquiver avant la fin. “Tu as tout ramassé ?”, “Un p”tit peu mais c’est très long”. Gamin, je fais ça 4x/jour, JE SAIS.
Une fois tous les jouets beaucoup trop nombreux tous ramassés et rangés aux bons endroits, on leur demande de monter se mettre en pyjamas et de passer aux toilettes avant d’aller dormir. 3 gosses surexcités montent en courant dans les escaliers, je les suis en me glissant dans ma chambre devant mon ordi en me disant que mon mec va gérer. J’entends crier, rire très très fort, sauter sur les lits. Rien ne bouge en bas. Je m’énerve, sors en gueulant. J’attrape les pyjamas, les menacent pour qu’ils s’habillent. F. me hurle “cacaaaaaaa” et B. part en courant tout nu en criant “mission pyjama go go go”. Une fois les 3 garçons enfin habillés, je leur dis de choisir chacun un livre, que papa va leur lire. D’en bas j’entends “pourquoi moi, ça va j’ai géré le repas, je bosse moi la journée…”. Je descends régler entre adultes cette divergence d’opinion (à base “tu crois que je me roule les pouces toute la journée ou quoi ??? Je préférerais aller un boulot moi aussi, alors tu me fais pas ch*** et tu montes, hors de question que je me retape encore Cher monstre. B*** de ***”)(CNV bonjour). Il monte sans broncher, là je me dis que VRAIMENT je pourrais me servir un verre de vin.
20h08. J’entends un “maman, bisous”. Je file dans la chambre des petits, et j’enchaine les câlins, bisous moi, bisous toi, bisous esquimaux, chatouilles, encore maman. Bien sûr ils cherchent à me négocier une autre histoire, bien sûr je dis non, qu’ils en ont déjà eu avec leur papa. Je m’esquive de leur chambre et file lire une histoire tranquille avec mon grand, son petit instant à lui. Je dis non pour Cher monstre, mais ok pour Mon amour (même si ce bouquin me donne envie de pleurer à chaque fois). Après la lecture, je le félicite encore pour son super travail de la journée, il me répond “Oui je suis un champion du travail moi”. Je lui dis de se coucher et lui donne sa fabrique à histoire, la Lunii, et bonne nuit mon cœur.
20h17. Je suis de retour devant mon PC, je ne descends pas de suite retrouver mon mec car j’ai envie de bouder. J’entends les petits rigoler dans leur chambre, et mon grand papoter très fort avec ses peluches. “Maman, bisous”. Je retourne dans la chambre des petits, je passe d’un lit à l’autre pour un dernier bisous, un câlin, quelques chatouilles, des bisous esquimaux, “encore un bisous maman, c’est le dernier dernier dernier, promis promis maman”, “attends moi aussi je t’en fais un maman, un bisous prout ? T’aimes pas les bisous prout ?”. Je toque à la porte de la chambre de mon grand pour lui demander de se calmer un peu maintenant, c’est l’heure de dormir. Il me regarde du haut de son lit avec le sourire le plus coquin du monde. Je ne peux pas m’empêcher de lui faire un grand sourire en retour, “bonne nuit mon amour”, “bonne nuit maman, à demain matin”.
20h30. Je redescends, mon mec ne pipe mot et me tends ma bière. Il a préparé une jolie salade bien présentée dans nos assiettes, avec de la fêta et des épices qu’on a rapporté de Crète, “comme ça ça fait un peu voyage même si on ne peut pas sortir”. Comme je suis facilement corruptible par la bouffe et l’alcool, j’estime que ses excuses sont acceptables. Et puis de toute façon on va pas discuter maintenant, on a la suite de Suits à regarder sur Netflix.
22h47. C’est l’heure de monter au lit, zou. Bien sûr je ne me sens pas fatiguée, donc je me colle devant l’ordi. Je me dis que je vais en profiter pour faire quelques articles pour le blog. Mes doigts tapotent sur l’ordi, tout en scrutant mes 10 000 autres onglets ouverts sur 5 sites de fringues, 1 podcast de France culture dans les oreilles, une vidéo Youtube de maquillage pour alterner, 3 sites de news pour voir où on est de ce virus, 4 blogs que j’aime suivre, 3 sites de webmarketing pour me tenir au courant des nouveautés, un site de créa… Je bosse sur 2-3 articles en parallèle, et puis de toute façon je n’ai pas envie de dormir. J’ai laissé tomber l’idée d’être dans mon lit jusqu’à 3h du mat’ les yeux grands ouverts à m’auto-flageller sur à peu près tout. Là au moins j’ai l’esprit occupé. Tiens d’ailleurs il est quelle heure ? Ah oui, 2h47, on va peut-être arrêter là… Au moins je m’endors direct.
5 comments
Un repos bien mérité après une journée pareille. Et le lendemain, rebelote !
Allez courage, plus que… Ben ça dépend. Ils reprendront l’école au deconfinement ou plus tard ?
Je ne suis pas certaine qu’il y aura reprise d’école avant la rentrée, on verra comment tout cela s’annonce !
Repos bien mérité! Et bon courage pour demain!
« Comme je suis facilement corruptible par la bouffe et par l’alcool » 😀 je m’y retrouve tellement !
J’espère que les semaines à venir seront un peu moins chargées. Bon courage 🙂
Merci ! Comme on dit « on s’habitue à tout » alors ma foi :p