Il y a des jours où je me rends compte à quel point le bonheur des autres me renvoi à mon désespoir, et à quel point je ne sais plus l’apprécier. Pendant un moment, j’ai cru que j’arrivais à gérer. Que je savais dissocier ce que je vivais de ce que les autres vivaient, que j’étais capable de me réjouir pour eux. Quand je voyais d’autres bébés alors que mon fils était hospitalisé depuis plusieurs semaines en néonat, je gérais, vraiment. Une fois qu’on a su que ses soucis étaient importants, ça a été plus dur, mais je pensais gérer encore.
Un jour, j’étais dans les transports, mon téléphone a sonné. C’était mon homme, qui m’appelait pour m’annoncer une bonne nouvelle. Des amis à nous allaient être parents. Spontanément, mon coeur a parlé et je lui ai dis que c’était formidable. Ça l’était, et je le pensais réellement. Je me suis rendue compte en prononçant ces mots que j’avais le visage ruisselant de larmes. Automatiquement, instinctivement, j’étais triste, profondément triste, à en être submergée. J’ai raccroché, et j’ai compris. J’ai compris que quoi que je fasse, je ne pouvais plus apprécier le bonheur des autres à sa juste valeur. Chaque bonne nouvelle se réfléchi en moi, moi qui vit de l’autre côté du miroir, dans le monde des mauvaises nouvelles.
J’ai réellement tenté de prendre le dessus sur tout ça. Mais quoi que je fasse, je n’y arrive plus. Je suis contente pour les autres, oui, vraiment. Je le pense, je le sais. Mais chaque bonne nouvelle rajoute une couche de tristesse sur mon coeur, et je ne peux en faire abstraction. Je souris avec les lèvres, mais mes yeux s’emplissent de larmes. Je les envie les autres. J’envie leur bonheur. J’envie leur vie, qui me parait simple, fluide.
Je ne sais pas ce que le futur nous réserve. J’espère réussir à sortir de cet état, à de nouveau être capable de partager réellement le bonheur des autres. Je me sens punie deux fois à ne pas y arriver, j’aimerais tellement. Je voudrais me reconnecter à mes amis. Me reconnecter à la vie. Mais la réalité, c’est que j’aimerais tellement savourer MON propre bonheur, et qu’aujourd’hui ça me parait être un monde parallèle. Je suis toujours en stand-by, je vis toujours à côté de ma vie. Dans cette mauvaise pièce de théâtre, je suis bloquée sur mon rôle, et je n’arrive plus à sentir le jeu des autres s’incarner.
J’aimerais pouvoir savourer de nouveau le bonheur des autres, sans qu’il ne me laisse un goût amer dans la bouche.
27 comments
<3 il faudrait que l'on prenne un café un de ces quatre, j'adorerais rencontrer ton loulou 🙂
Ô oui, il faut qu’on se fasse ça 🙂
C’est tout à fait normal ce que tu ressens. On ne peut pas n’être qu’altruisme et abnégation. Je pense souvent à toi ces derniers temps. Je me dis que la vie est injuste, que c’est une loterie etc… Ça me rend triste souvent…
Malheureusement, je me dis aussi qu’il faut avancer et faire avec ce que la vie nous propose. Il faut savoir trouver le bonheur là où il se cache, et des fois, il se cache bien…
Je t’embrasse.
Ce qui est dur, c’est qu’en vrai, le bonheur il est là tous les jours, avec mon petit garçon merveilleux ! Je le ressens, mais les angoisses et la tristesse prennent encore bien trop souvent le dessus…
J’espère que tu y parviendras. A goûter tous les bonheurs, celui des autres et le tien.
Merci <3
C’est un dur parcours que vous devez traverser, et tes réactions sont parfaitement normales, petit à petit tu arriveras à reprendre le dessus. Ton petitou est formidable et vous êtes des parents qui déchiiiiiiiiiiirent.
Gros bisous
Alors ça oui, il est formidable ! C’est ce que je me dis tous les jours ! 🙂
C´est terriblement dur ce que vous vivez et je l´ai un peu vécu aussi via ma soeur, dont un des enfants est handicapé (maladie orpheline). Ce que je peux te dire, c´est que c´est normal et que tu ne dois pas culpabiliser. Et si tu dois te tenir éloignée un temps de ce genre de bonnes nouvelles, tes proches comme toi devez l´accepter je crois. C´est peut etre un passage obligé. La deuxième chose, c´est que ca passe. Mon neveu a 10 ans désormais, et les blessures se sont refermées. On n´accepte jamais une telle injustice, mais on apprend à vivre avec je crois… Enfin n´hésite pas à rechercher des groupes de parents d´enfants ayant ce type de difficultés. Ca a beaucoup aidé ma soeur alors. Plein de pensées pour vous trois.
Merci beaucoup pour ton message Die Franzoesin <3 Si tu savais comme j'attends que "ça passe", j'aimerais vraiment déjà y être, déjà être dans l'acceptation. J'en suis si loin, toujours suspendue à cette attente, à ce "comment les choses vont-elles tourner"... C'est épuisant, ça me fatigue beaucoup.
Dur de vivre le bonheur des autres quand pour soi, nous n’avons pas le même bonheur. La vie a décidé que je n’aurai pas d’enfant et lorsque j’apprends cette bonne nouvelle pour quelqu’un d’autre, cela me renvoie à ma propre histoire. Courage. Avec le temps, ça s’apaise un peu mais jamais complètement.
Tu as raison, j’imagine effectivement que devoir faire le deuil d’une maternité est parfois un sentiment assez similaire. Je ne peux que l’imaginer bien entendu, mais là aussi ça me semble être un long chemin vers l’acceptation. J’espère que ça va toi <3
Il y a des jours plus faciles que d’autres, des hauts et des bas. Je prend sur moi et j’essaie de garder l’esprit positif même si ce n’est pas toujours facile (et parfois bien difficile). Mais mon mari est auprès de moi et on traverse cette épreuve à deux car je ne suis pas la seule concernée. J’essaye de rester forte pour lui. Bon courage à vous trois et je vous souhaite un avenir meilleur.
Imagine que ta meilleure amie perde tragiquement sa mère et que tu lui raconte le super réveillon que tu viens de passer avec ta famille? Tu lui en voudrais de ne pas sauter de joie? Non ben c’est pareil.
Est-ce que c’est de la jalousie? Peut être un peu, enfin disons que parfois on se demande pourquoi ça tombe sur nous alors que tout parait tellement ‘normal et facile’ pour les autres.
Et puis quand on s’inquiète très fort pour quelqu’une qu’on aime, il est difficile d’avoir un cœur cent pour cent libre d’être heureux. C’est comme si on avait tout le temps un petit signal d’alarme qui nous empêche d’être zen.
Si y a bien une personne pour laquelle tu mérites d’oublier un peu les autres, c’est bien ton bébé non?
Tu décris très bien la sensation, ce petit signal d’alarme qui est là tout le temps. Alors qu’honnêtement, le quotidien aujourd’hui est beau. Oui on a peu de suivi, oui on sait qu’on ne vit pas des choses « normales » mais enfin ça se passe très très bien. C’est ce « et si » permanent qui rend tout si douloureux.
Je suis de tout coeur avec toi et alors que c’est pour des raisons différentes, comme je comprends ce sentiment. Depuis maintenant deux ans je travaille intensément sur moi pour arriver à gérer mes angoisses et ma tristesse non pas pour m’en débarrasser mais les accepter et je dois avouer que ça fonctionne pas trop mal (merci la sophrologie et la méditation!). Et comme je me reconnais dans ces moments où on sourit avec la bouche pendant que nos yeux (et notre coeur) pleurent…mais j’ai décidé de ne plus en culpabiliser parce que ca devient épuisant. Gros bisous et accorde toi le droit de ne pas être constamment bien ou heureuse: je trouve que c’est devenu précieux dans une société qui nous l’interdit.
Merci pour ton message Hayley, je suis contente de lire que tu as trouvé quelques solutions pour gérer tout ça <3 J'ai testé récemment un cours de sophrologie, c'est vrai que ça m'a fait du bien, j'aimerais trouver la motivation d'y consacrer un peu de temps.
Charlotte, ton article est vraiment très émouvant. Ta réaction est normale, et la fameuse (et inutile) question « pourquoi nous? » n’aura jamais de réponse valable à tes yeux. J’espère qu’avec le temps cette injustice sera moins difficile à accepter.
Je ne te cache pas que l’on appréhende toujours un peu le fait de vous annoncer de bonnes nouvelles, particulièrement lorsque cela touche aux nouveaux-nés. Nous n’avons pas envie de vous jeter notre bonheur à la figure alors que vous traversez une situation qui, au hasard des statistiques, aurait très bien pu être la notre.
Bises à tous les trois
Merci Balba <3 Je comprends votre appréhension, et c'est vrai que c'est triste d'en arriver là. J'espère que le temps fera son oeuvre oui, rapidement si possible !
J’aurais pu écrire moi-même chaque mot que je viens de lire…
Moi ma thérapie c’est d’écrire des poèmes, certes pas très joyeux mais ça me permet de me délester un peu de toutes les émotions que j’ai pu ressentir depuis la naissance de notre petit bonhomme et tout son lot de problèmes qui s’en est suivi… Toute cette inquiétude, cette impuissance face à ce flot de mauvaises nouvelles.
Et puis un avenir ponctué d’incertitudes et des questions qui reviennent sans cesse : « pourquoi nous ? » « qu’est ce qu’on a loupé ? »…
On voudrait « être » mais ce n’est que « paraître ».
Je vous comprends tellement…
C’est important de trouver un moyen de se décharger un peu de ses angoisses oui ! Et puis je dirais, un moyen solitaire… Car aussi bienveillants que soient ceux qui nous entourent, il peut être difficile de les « impliquer » dans ces angoisses sans fond, c’est en tout cas le sentiment que j’en ai. C’est pour ça que j’écris ici aussi, par besoin, par facilité aussi, par besoin de « laisser tout ça sortir », au moins un peu. J’imagine qu’au bout d’un moment, il est possible « d’être » de nouveau. C’est tout le mal que je nous souhaite <3
Bonjour
Je découvre votre joli blog et je vois un petit garçon aux jolies boucles qui marche, mange et va à la crèche et « rien que ça » ca me touche. Je ne sais pas ce qu’a votre fils mais tenez le coup des jours meilleurs viendront
Un grand merci pour ce gentil message Lydia 🙂 Mon fils est atteint d’une maladie rare, il va très très bien aujourd’hui et même si nous ne savons pas de quoi sera fait le futur aujourd’hui les indicateurs sont plutôt au vert, donc on essaye de profiter du jour présent !
Bonsoir, je découvre votre blog et j’en ai les larmes aux yeux tellement je ressens les mêmes sentiments. Ma fille est atteinte d’une maladie génétique rare, elle a 4 mois. J’ai été propulsée dans l’univers médical en une semaine; je suis en permanence dans l’angoisse et la peur de ce qui va se passé pour ma fille. L’acceptation est bien loin encore et la grande question pourquoi ma fille? pourquoi mon bébé est malade? Et cette horrible sonde qui lui gache son si beau visage et qu’elle ne cesse d’arracher, c’est très dur d’accepter tout ça. Je m’accroche comme vous à ma petite merveille et profite des doux moments que l’ont peut partager ensemble.
Bonsoir Anne-Claire. et bienvenue ici, même si j’imagine bien que ce qui vous a mené ici n’est pas très joyeux. Je vous souhaite beaucoup beaucoup de courage dans cette épreuve, en espérant que la prise en charge de votre fille s’organise au mieux et surtout que la sonde ne sera avec vous que peu de temps. Nos petits bouts sont forts comme tout, ce sont eux qui nous montrent le chemin.
Je comprend ce vous vivez, je vis pareil en ce moment mon petit garçon est né le 30 août dernier et est depuis hospitalisé, il as eu une atrésie de l’oesophage et trouble de l alimentation il ne prends pas ses biberons, il est nourri par sonde alimentaire ! Je suis un peut perdu, les Pédiatres me parle de gastronomie car il ne peut pas garder la sonde alimentaire longtemps ! Il n’as que 2 mois… je suis totalement perdu ! Courage à vous et bisous à votre petit ange
Courage Emilie dans cette épreuve, j’espère que vous trouverez une solution adaptée pour votre petit bout…